Tous les chemins mènent à Pékin ! L’ère de la globalisation à l’aube la nouvelle route de la soie.

Nous avions coutume de dire que tous les chemins mènent à Rome, elles conduisent désormais toutes en Chine.

Décrite par les analystes chinois comme la nouvelle phase d’ouverture du pays, la stratégie des nouvelles routes de la soie est clairement guidée par des préoccupations économiques intérieures bien plus que par une éventuelle volonté d’hégémonie.

Le premier objectif de cette stratégie est de soutenir la dynamique de croissance de l’économie chinoise. Il s’agit en effet à la fois d’aider au rééquilibrage de l’économie chinoise et à la réorientation de son modèle de croissance, de poursuivre sur la voie de l’internationalisation les entreprises chinoises mais aussi de trouver des relais de croissance à l’extérieur de ses frontières pour certaines industries en situation de surcapacité (ciment, acier par exemple) et de tirer un meilleur parti des ressources financières du pays.

Au-delà de ces objectifs économiques indéniables, l’ambition de Pékin est aussi sans nul doute de renforcer sa stature internationale en agissant en puissance responsable cherchant à promouvoir le développement dans le monde.

(François NICOLAS, « Le développement économique, moteur de l’engagement international » in La Chine dans le monde, ss la direction d’Alice Ekman, CNRS Editions, 2018, pp. 52-53)

Le géant asiatique a investi annuellement plusieurs milliards de dollars en Afrique depuis 2015 dans des infrastructures ou des parcs industriels. Le président, Monsieur XI, Jinping promettait 60 milliards de dollars au continent africain au 7e forum sur la coopération sino-africaine en septembre 2018.

La nouvelle route de la soie n’est pas étrangère aux besoins énergétiques de la Chine.

Malgré une richesse considérable de ses sous-sols, la Chine manque cruellement de certaines ressources naturelles par rapport à sa demande et à sa population.

Et malgré sa 5e place au rang mondial des producteurs de pétrole avec 212 millions de tonnes, la Chine en est aujourd’hui le 1er importateur avec 381 millions de tonnes en 2016.

L’accès aux matières premières pour soutenir le programme économique du pouvoir en place est ainsi une question primordiale pour la survie de ce dernier d’où l’importance pour la Chine de mieux sécuriser ses approvisionnements en matières premières et en premier lieu pétroliers.

(Michal MEIDANS, « The structure of China’s Oil Industry: Past Trends and Future Prospects », OIES Paper, WPM 66, mai 2016, p. 4)

Des facteurs sociétaux comme le choc démographique mais surtout la croissance générée par l’ouverture du marché ont entraîné une augmentation significative de la demande mettant ainsi un terme à l’autosuffisance chinoise dans de nombreuses ressources stratégiques.

(Jean-François HUCHET, « La crise environnementale en Chine : évolutions et limites des politiques publiques », Pris Presses de Sciences Po, 2016, pp.77-84)

Entre 2005 et 2015, les investisseurs chinois ont déboursé plus de 440 milliards de dollars dans les secteurs énergétiques et miniers à l’étranger, un chiffre qui représente 51 % des investissements chinois à l’étranger pendant cette période.

Grâce notamment à ces investissements, les banques chinoises d’investissement (la China Development Bank et la China Exim Bank) sont aujourd’hui parmi les premiers financeurs publics d’investissement en Afrique et en Amérique latine.

(Kevin GALLAGHER, « The China Triangle : Latin America’s China Boom and the Fate of the Washington Consensus, New York, Oxford University Press, 2016, pp. 64-88)

Une autre priorité de la route de la soie et non des moindres: développer les provinces de l’ouest et du centre du pays, et également celles en proie à de fortes tensions ethniques comme dans le Xinjiang ou le Tibet.

(Rémi CASTETS, «  La Chine face au terrorisme islamiste », in Questions internationales, n°75, septembre-octobre 2015, pp. 105-109)

De même, dans ce contexte, les relations avec les pays frontaliers sont déterminantes.

« Si l’Afghanistan ne se stabilise pas, il continuera d’être un incubateur pour le terrorisme et l’extrémisme, une source de pression extérieure sur le Xinjiang et un facteur puissant d’accroissement des difficultés pour résoudre le problème sécuritaire présent ».

(Huansheng, ZHAO, « Afghanistan and China’s New Neighbourhood Diplomacy », in International Affairs, vol.92, n°4, 2016, p.900)

La menace terroriste est aujourd’hui la première menace à laquelle la Chine fait face dans la conduite de sa politique étrangère régionale vis-à-vis de l’Asie Centrale et du Sud, et notamment dans la mise en œuvre de ses projets de « nouvelles routes de la soie ».

La présence de nombreux groupes terroristes dans la région et la concurrence entre les deux organisations globales rivales, Al-Qaïda et Daech, rend cette menace d’autant plus tangible.

(Marc JULIENNE, « Le défi terroriste: enjeu de sécurité nationale et déterminante de la politique régionale », in La Chine dans le monde, op cit, pp. 170-171)

Dans la lutte contre le terrorisme, la Chine sera incontestablement un partenaire précieux et incontournable.

Jean-Marc De Greef

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